Les propriétaires du privé attaquent les HLM pour concurrence déloyale

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Il était temps que quelqu’un remette en cause le trafic de logements sociaux qui sont trop souvent attribués à des locataires dont les revenus  permettent de louer dans le privé. Alors que le PS avait promis de la clarté et de la justice dans l’attribution des logements sociaux, les injustices et autres abus se perpétuent et il est cocasse d’apprendre que ce sont les propriétaires du privé qui vont peut être réussir à mettre de l’ordre dans ces trafics scandaleux.

Les HLM sont montrées du doigt. L’Union nationale de la propriété immobilière (Unpi), qui regroupe près de 250 000 adhérents, a porté plainte auprès de la Direction générale de la concurrence à Bruxelles contre la gestion des organismes HLM. Motif de cette offensive : les 25 Mds€ d’aides de l’Etat versés chaque année aux offices HLM ne devraient avoir pour objectif que le logement des familles les plus modestes. Or, selon Jean Perrin, le président de l’association de défense des propriétaires privés, il y a en France « 380 000 logements HLM occupés par des ménages qui ont des revenus mensuels supérieurs à 4000 € par mois ».http://www.leparisien.fr/economie/la-gestion-des-hlm-en-proces-02-07-2012-2074270.php

Tout le monde connaît des gens qui occupent des logements sociaux malgré des revenus tout à fait corrects, au-dessus des plafonds théoriques d’attribution de ces logements. Ils estiment qu’ils y ont droit pour avoir rendu des services à leur municipalité, pour détenir la bonne carte du parti du maire, et pour toutes sortes de raisons personnelles qui leur donnent bonne conscience. Souvent, ces logements attribués à des privilégiés sont les plus vastes, les plus confortables et les plus agréables qui soient. J’ai ainsi visité à Levallois un magnifique deux pièces doté d’un salon immense encadré par deux grandes terrasses dominant Paris. Cet HLM chic abritait des gens biens sous tous rapports, y compris le joueur de tennis Henri Leconte qui officiellement vit en Suisse  (l’appartement est au nom de son amie)…On se souvient aussi du cas de la famille Juppé qui occupait un magnifique appartement social dans le 5ème arrondissement…

On connaît aussi la politique de logement social de Tibéri qui offrait à ses électeurs de magnifiques logements sociaux autour du Jardin des Plantes et du Panthéon. Médecins, avocats, professeurs, entrepreneurs, hauts fonctionnaires, cadres supérieurs ont largement profité du parc social à des prix très attractifs même quand ils possédaient BMW, bâteau, résidences secondaires, les pauvres…

En effet, quand on parle de logements sociaux, on imagine des cités lugubres, des tours de béton dans un environnement sinistre et délabré. Or le parc social -qui ne se limite pas aux dits HLM- comprend de magnifiques résidences luxueuses réservées à des privilégiés qui estiment que l’état leur doit bien ça.

Les logements sociaux aujourd’hui ne sont plus ce qu’ils étaient après la guerre, des boites à sardines aux fenêtres étroites dont l’acoustique laisse à désirer. Nombre de logements sociaux dans les grandes villes disposent de vastes parcs, des appartements lumineux et spacieux avec terrasse ou balcons, des ensembles de maisonnettes à l’anglaise avec jardinet et des architectures luxueuses comme à Levallois. Tout le monde rêve d’occuper un logement de ce type pour une bouchée de pain. Souvent ces occupants aisés possèdent des résidences secondaires ou sont propriétaires de logements qu’ils mettent en location.Tous ont été pistonnés par des connaissances « bien placées » et ceci malgré les promesses de maires comme Delanoë qui avait promis à son investiture une gestion saine de l’attribution des logements sociaux.

Parmi les familles modestes,  de nombreux foyers qui déclarent des revenus trop minces pour accéder au logement privé mais qui trouvent le moyen d’économiiser pour s’acheter une maison en province ou au bled. On se demande comment ils font pour vivre, ces misérables …qui trouvent encore le moyen d’emmener une fois par an toute la famille au bled dans la résidence qu’ils ont pu faire construire en économisant sur leur loyer social.

Il faut savoir aussi que les occupants de logements sociaux bénéficient de toutes sortes d’aides sociales, à commencer par l’APL qui fait baisser encore le prix officiel de leur logement social pourtant déjà en dessous du pris du marché locatif. Les mêmes touchent en outre le RSA, la Cotorep, le complément vieillesse, l’AJE, les allocations familiales, des aides qui peuvent atteindre plusieurs milliers d’euros par mois mais qui ne sont pas comptabilisées dans les plafonds d’attribution de logements sociaux. On sait ce que donne sur les générations suivantes le modèle d’adultes qui n’ont pas besoin de travailler pour gagner leur vie et assurent leur existence uniquement grâce aux aides sociales. Les cités regorgent d’enfants de la CAF avec les résultats que l’on observe tous les jours dans les faits divers.

L’injustice dans l’attribution des logements sociaux ne réside pas seulement dans leur attribution mais aussi dans la durée. Un jeune couple qui rentre dans un logement social avec des revenus modestes va voir ses rentrées augmenter avec l’évolution de ses carrières et se trouver avec le temps dans la situation de pouvoir louer dans le privé au prix du marché. Il peut dormir tranquille et économiser dans la pierre, ses droits ne seront jamais révisés. Idem pour les familles nombreuses qui héritent d’un 5 pièces, une fois les enfants partis, le couple de parents, voire le veuf ou la veuve, conservera son 125 m2 ad vitam aeternam.

Le logements social concentre toutes les injustices et les abus sur lesquels reposent les politiques électoralistes. Pour commencer, ils rapportent de l’argent sale grâce aux dessous de table versés par les promoteurs aux prescripteurs. Cet argent est utilisé pour financer les campagnes électorales et corrompre des soutiens. Il sert aussi à rendre la vie douce et belle à toutes sortes de politiques qui s’enrichissent en faisant des promesses qu’ils ne tiendront jamais. Il sert à recruter des électeurs pour permettre aux politiques de rester en place afin de continuer à profiter de toutes sortes d’avantages matériels et honorifiques.

Il est bien évident que si les gestionnaires de logements sociaux donnaient congé à leurs locataires qui ne satisfont plus aux conditions d’attribution de ces logements, en termes de revenus et de composition du foyer, il y aurait suffisamment de logements sociaux pour celles et ceux qui satisfont aux conditions officielles d’attribution. Mais si les gestionnaires faisaient le tri, tous les trafics organisés autour du logement social disparaîtraient au détriment de leurs bénéficiaires. Il est beaucoup plus intéressant pour les politiques de faire participer l’ensemble de la société à la construction de logements sociaux supplémentaires que répartir avec justice ceux qui existent à celles et ceux qui en ont réellement besoin.

Il est intéressant que ce soit les acteurs du logement privé qui dénoncent le trafic des logements sociaux. On eut aimé que la gauche ait eu à coeur de dénoncer les injustices de la confiscation et de l’instrumentalisation du logement social. Une fois de plus, ils sont terriblement absents dans le rétablissement de la justice.

Une réponse "

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  2. Laurent Droit-Perrault

    Oui, ça craint et c’est pas nouveau…!

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    • laconnectrice

      Laurent,
      Il suffirait d’appliquer la loi mais les pouvoirs adorent que les Français s’emmerdent entre eux. Pendant ce temps, ils sont tranquilles…

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