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Suicides : De Drieu la Rochelle à Dominique Venner en passant par Stefan Zweig

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« Je me tue parce que vous ne m’avez pas aimé, parce que je ne vous ai pas aimés… Je laisserai sur vous une tache indélébile. Je sais bien qu’on vit mieux mort que vivant dans la mémoire de ses amis. Vous ne pensiez pas à moi, eh bien, vous ne m’oublierez jamais ! » Drieu la Rochelle cité par Philippe sollers http://www.philippesollers.net/drieu.html

L’idée de patrie est liée à l’idée de guerre. Etant donné ce qu’est devenue la guerre dans le monde actuel, elle fait de la Patrie la force la plus immédiatement dangereuse qui circule au milieu de nous.
On peut se sacrifier pour ses propres idées, mais pas pour la folie des autres.Stefan Zweig  http://www.citation-du-jour.fr/?motcle=zweig

Je n’ai rien contre le suicide, au contraire je pense que c’est un acte courageux et, surtout la manifestation extrême de notre libre arbitre. Personne ne choisit de venir au monde mais nous avons toutes et tous la possibilité de choisir le moment de notre départ. Toutefois, je pense que c’est un acte très intime et qu’il n’est pas opportun d’y associer des tiers.

D’après mes connaissances, on ne se suicide pas du jour au lendemain. La pensée du suicide éclot parfois à la pré-adolescence pour accompagner l’être toute sa vie durant jusqu’à ce que la mort, par suicide direct, conduite suicidaire, maladie, accident ou autre, y mette fin définitivement.

Ayant eu à connaître le contenu de dossiers psychiatriques de patients suicidaires, j’ai pu observer qu’une première tentative de suicide pouvait être suivie de plusieurs autres jusqu’à la dernière réussie. Je suis persuadée qu’on ne se suicide pas comme cela, tout d’un coup, sans y avoir jamais pensé. De même je suis convaincue qu’un événement grave, un catalyseur, ne peut conduire au suicide que si l’individu y a déjà songé et qu’il est familier avec l’éventualité.

Beaucoup de personnes qui souffrent intensément de maladies, de persécutions, de harcèlement au travail, d’échecs répétés, de catastrophes sociétales ne choisiront pas forcément de retourner leur colère contre eux-mêmes en se suicidant.

Je pense que des suicidés comme Drieu la rochelle, Stefan zweig et, récemment Dominique Venner étaient familiers avec le projet de suicide. Ils y pensaient depuis longtemps, bien avant de le mettre en actes. Le premier a effectué plusieurs tentatives et les écrits du second sont éloquents.

Toutefois, même si je partage le dégoût de Venner pour la société qui nous entoure, en particulier son islamisation, je ne peux que désapprouver le choix qu’il a fait de se tirer une balle dans la bouche en public dans un lieu symbole de paix et traditionnellement refuge pour les persécutés. La fonction de Notre Dame de Paris comme lieu d’asile fait partie de notre histoire.

Je comprends que Venner ait souhaité faire d’une balle deux coups en mettant fin à ses souffrances physiques et mentales mais je réprouve le fait qu’il ait impliqué dans son acte sa famille, les pratiquants, les défenseurs de notre patrimoine et les amoureux de Notre dame de Paris. Je serais même assez sévère en disant que son acte était égoïste, mégalomaniaque et lâche. Lâche parce qu’il est plus facile de s’introduire avec une arme chargée dans Notre Dame qu’à l’Elysée, à l’Assemblée nationale ou au Sénat.

Je précise que je ne suis ni catholique, ni croyante et encore moins pratiquante et, comme je l’ai écrit plus haut, j’accepte que l’on puisse se suicider pour mettre fin à des souffrances insupportables associées à l’impuissance de pouvoir gouverner sa vie comme on l’entend.

Je répondrai même à la provocation ultime de Dominique Venner que je pense que se suicider dans Notre Dame de Paris équivaut à se masturber en public, c’est obscène.

Quant à l’efficacité de cette provocation, je la trouve faible car elle n’a pas entraîné une véritable réflexion sur les causes politiques et idéologiques de ce suicide mais un rappel du passé sulfureux de l’homme et un hommage presque forcé de celles et ceux qui partagent ses idées car ils sont souvent catholiques, que l’Église réprouve le suicide et qu’elle protège et sacralise ses lieux de prières habités par le Saint-Esprit. J’imagine qu’ils ont été profondément choqués par l’appropriation de Notre-Dame par un athée qui n’a pas hésité à profaner une culture qu’il prétendait défendre.