Notre société est incohérente. D’un côté elle défend la vie des fœtus et celle des tétraplégiques végétatifs comme Vincent Lambert, de l’autre elle abandonne ses vieux dits « protégés » à la détresse, l’indigence et la dégradation qui accélérera leur disparition au profit d’héritiers avides et de MJPM soucieux de toucher leurs émoluments calculés en pourcentage sur le montant des sommes qu’ils gèrent et, qu’en conséquence, ils refusent de dépenser pour le bien-être de leur « protégée ».
Marie vit seule et n’a plus de famille. Elle n’avait pas pu avoir d’enfant et avait reporté son affection sur une famille de Lyon qu’elle traitait comme sa famille en distribuant de gros chèques à tous ses membres, à toutes les occasions comme les anniversaires, Pâques, Noël et les anniversaires de mariage. On invitait Marie qui distribuait généreusement ses pensions, la main toujours prête à ouvrir son porte-monnaie au bistro ou au restaurant. Marie avait même désigné une petite fille de la famille, sa filleule, comme bénéficiaire de l’assurance vie qu’elle avait contractée.
Vers 94 ans, Marie commença à perdre sa mémoire immédiate et de « bonnes âmes » s’empressèrent de contacter un MJPM local pour la « protéger ». C’est donc ce MJPM qui, avant même d’être désigné par la juge des tutelles monta le dossier. Le problème est que ces personnes semblaient plus soucieuses de protéger les revenus et les économies de Marie que de l’entourer au quotidien d’attention et de soins.
Marie fut invitée dans la résidence secondaire d’une « amie » , C.-dont elle me dira plus tard : c’est une garce, elle est méchante, elle me fait peur) qui lui fit signer des papiers donnant son consentement pour une curatelle renforcée. L’amie en question gérait déjà les comptes de Marie sur lesquels elle avait une procuration et connaissait ainsi exactement les avoirs de Marie, ce qu’elle notifiait à la famille de Lyon.(la grand-mère de la filleule bénéficiaire de l’assurance vie). Marie n’avait pas compris ce qu’elle signait et, si elle l’avait compris elle l’avait oublié.
Quand Marie découvrit qu’elle n’avait plus ni carte bancaire, ni chèque, elle demanda des comptes à C. qui lui rétorqua : « mais tu as signé, ne fais pas comme si tu ne le savais pas ! ». C. criait si fort au téléphone que je l’entendais alors que je m’étais éloignée par discrétion.
A ce point de mon récit, je dois faire un point sur les troubles cognitifs de Marie. Ils avaient été qualifiés d’Alzheimer par un neurologue sollicité pour l’occasion. Quand Marie exprimait un désir qui ne correspondait pas aux désirs de la Fondation qui devait veiller sur ses soins, elle avait des troubles cognitifs.Quand Marie écrivait de sa main qu’elle souhaitait que je sois sa personne de confiance, elle avait des troubles cognitifs. Par contre quand on la forçait devant C. à dire qu’elle aimait bien C.(la garce), elle n’avait plus de troubles cognitifs …
Au nom de mon affection pour Marie, je décidai alors de l’inviter à déjeuner chez moi chaque jour, de veiller sur son bien-être et de l’aider à gérer l’argent que lui remettait le MJPM. Tout se passait très bien jusqu’à ce que je parte en vacances.
Je prévins le MJPM que je m’absenterai en juillet, je lui envoyai la liste de tout ce que je faisais pour Marie qui correspondait à ses besoins et on me répondit qu’on lui enverrait une auxiliaire de ATD-quart-monde, deux fois 90 mn/semaine. J’avais suggéré qu’on embauche plutôt la femme de ménage de Marie qui la connaissait bien et avec laquelle elle se sentait en confiance. Il semble que le MJPM ait préféré se servir de Marie pour entretenir de bonnes relations avec ATD-quart-monde. Et il arriva ce qui devait arrivait.
Une petite semaine après mon départ, une « amie de Lyon » vient passer la nuit chez Marie en route vers Londres. Au matin d’une soirée bien arrosée, Marie eut un moment d’aphasie. L’amie « bienveillante » appela le SAMU, réveilla les voisins, trouva une voisine qui voulait bien attendre les ambulanciers tandis que l’amie partait prendre son avion et ne prenait même pas la peine de lui empaqueter ses affaires de toilette…
Aux urgences, on découvrit que Marie était déshydratée (merci le MJPM d’avoir veillé sur elle comme je l’avais demandé) et qu’elle avait peut-être fait un AIT (accident ischémique transitoire). Comme il n’y avait pas de scanner cérébral disponible, elle fut hospitalisée au service de gériatrie aigüe de Lariboisière avec des grabataires.
Voici ce que j’ai écrit au MJPM qui ne m’a pas répondu :