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Métissage, multiculturalisme et mondialisme dénaturent les festivals celtiques

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Je suis mélomane et j’aime toutes les musiques qui m’émeuvent quelle que soit leur origine et leur style.

Tout en étant éclectique, je suis exigeante sur la qualité et c’est sans doute pour cela que j’ai une préférence pour la musique classique et l’approche classique des musiciens et interprètes même quand ils interprètent de la variété française, des variations ethniques, du jazz et ses ramifications.

J’ai donc été interpellée par cet article de Breizh info qui déplore le métissage forcé des festivals celtiques avec des exemples à l’appui.

Vouloir forcer le métissage est une aberration car toutes les expressions culturelles sont le fruit d’influences variées et réciproques. Aucune musique n’a été imaginée ex nihilo pour la bonne raison que les humains ont toujours voyagé et que la musique a toujours été un moyen de communication universel. Aucune musique, aucun instrument de musique n’a pu échapper aux influences d’autres cultures et c’est d’ailleurs ce qui fait la force du langage musical.

http://www.imdb.com/title/tt0061138/ Un homme et une femme 1966 – Samba Saravah composé par Pierre Barouh

Dans les années 60, Pierre Barouh s’inspirait de la bossa nova et aujourd’hui, le baroudeur Bernard Lavilliers conjugue allègrement des rythmes latinos avec une belle langue française poétique même quand elle est réaliste (les mains d’or)

Le jazz a connu un succés international grâce à l’apport des juifs d’Europe immigrés qui en pleine ségrégation raciale allaient jouer de la musique à Harlem. Benny Goodman a été le premier musicien blanc à intégrer des noirs dans son orchestre et on peut dire que la mixité musicale a préparé la victoire des actions pour les droits civiques et la fin de la ségrégation raciale aux USA.

Bien avant chez les musiciens compositeurs classiques les influences exotiques ont fait la richesse de leurs oeuvres : les Russes comme Katchatourian dans Mascarade , Tchaïkovsky, La Bayadère de Leon Minkus , les Français Ravel, Saint-Saens ou Bizet.

De grands compositeurs comme Brahms se sont inspirés de musiques traditionnelles qui elles-mêmes avaient été influencées par des mélodies tziganes venues d’Inde et ciselées par toutes les cultures traversées depuis l’Asie jusqu’en Europe.

Le tissage en mouvement est propre à toutes les cultures et vouloir imposer un métissage idéologique est  propre à tuer la vitalité « naturelle » de la musique.

Comme disent les sages, pour construire le futur, il faut connaître le passé. Les musiques celtiques qui sont déjà multiples doivent être respectées dans leur intégrité afin de servir de tremplin à d’autres musiques différentes mais toujours universelles.

La Connectrice

Festivals bretons : l’obsession médiatique du métissage

Festivals bretons : l’obsession médiatique du métissage

30/07/2014 – 07H00 Bretagne (Breizh-info.com) –La Bretagne est probablement une des régions qui compte le plus de festivals durant tout l’été. Vieilles Charrues, Festival Interceltique, Festival de Cornouaille, sons et lumières… impossible de les compter tous, impossible d’être partout, tant la saison estivale bretonne est riche d’une culture qu’elle sait, sans doute mieux que quiconque, mettre en valeur. Une mise en valeur qui – pour se justifier ? – passe trop souvent par une référence quasi obsessionnelle  à l’idéologie du métissage.

S’il est en effet des thématiques qui plaisent  aux organisateurs – mais  visiblement nettement moins au public – ce sont celles  de « l’ouverture », du  « métissage », du « dialogue » avec les autres cultures, surtout lorsque celles-ci  sont très éloignées de l’identité bretonne et celtique.

Même lorsque les musiciens ou animateurs sont de Bretagne, les organisateurs insistent sur le mélange (et non pas l’échange). Ainsi, la musique de Denez Prigent au festival de Cornouaille de Quimper devient«  une musique métissée ouverte sur les frontières du monde. » Ce dernier à d’ailleurs réussi la prouesse technique de placer cinq fois le mot métissage en moins d’une minute lors d’une récente interview donnée à une radio locale . De même, la chanson de Clarisse Lavanant est décrite comme un « Répertoire celtique et métissé, intimiste ».

A Plouvorn
, un spectacle « son et lumière » raconte l’histoire d’un chevalier Breton se rendant à la croisade et dont l’aventure est présentée ainsi : « Les périls du voyage mettront à l’épreuve leur vision du monde, mais la musique et les histoires partagées en chemin avec hommes et femmes porteurs d’autres traditions se révélera plus puissante que les préjugés et la haine. Ils feront fleurir sur leur chemin un imaginaire breton enrichi d’Orient…« . Le résumé ne nous dit pas si le chevalier Breton a rencontré Yannick Noah durant son périple …

La fête de la Bretagne (anciennement St Yves), qui était organisée du 15 au 18 mai partout dans la région, a vu la région appuyer financièrement 50 évènements organisés pour l’occasion, répondant notamment au critère « traduisant un lien avec la Bretagne, c’est à dire le métissage culturel ou intergénérationnel «  (sic)

A Dinan, lors de la fête médiévale des remparts, l’organisation invitait le groupe Dayazell, présenté comme « un groupe qui vous fera voyager grâce à sa musique métissée, de l’Espagne arabo andalouse à la Perse, en passant par l’Italie, la Macédoine ou le Magrheb pour vous faire découvrir les horizons méconnus de la musique médiévale. ». Le public pouvait également assister à une conférence sur « les origines et l’évolution des instruments de musique » « vous découvrirez le métissage de la musique médiévale qui induit rencontre entre Orient et Occident. »

A Saint Renan, les « Vendredis branchés » ont accueilli le groupe Liikofa qui a « présenté un excellent répertoire énergique et festif avec des sons métissés à mi-chemin entre l’Italie, la Bretagne et la Tunisie. »

A Lorient, durant le festival Interceltique se tiendra une exposition sur le Maloya (danse africaine) mais aussi plusieurs groupes qui « associent leurs cultures et leurs musiques pour une création métissée, entre sonorités, danses bretonnes et le  maloya , danse réunionnaise classée au patrimoine de l’Unesco. »
La direction définit d’ailleurs le festival comme ayant « vocation à démontrer que les cultures traditionnelles ne sont pas figées mais avides de métissages et de créations. Pour cela son objectif est, notamment, de susciter cette démarche au travers de commandes, de rencontres, de métissages… »

A Crozon, le site de la région « tourisme en Bretagne » présente le festival du bout du monde ainsi : « Un melting pot, un melting pop, un melting potes. Chacun l’aura compris, le festival de Crozon est métissé. »

Les médias ne sont pas en reste 

Le festival « Les Escales » de Saint-Nazaire (un festival qui, pour rendre hommage à la Turquie, affiche des minarets en carton sur une partie de la ville) est présenté par Metronews comme  « privilégiant les métissages musicaux autour de têtes d’affiches pop, rock, electro, world.  » avant de présenter le festival « Les Ren’arts » de Pornichet ou chaque jeudi « un groupe de musique métissée enflamme une place publique ».

« A Auray, Breizh Kabar met le métissage à l’honneur » titrait récemment le principal organe de presse régional en parlant du collectif Breizh-Kabar.

« Un concert médiéval et métissé » titrait le même journal en annonçant un concert de la fête des remparts de Dinan.

« Lors du Festival de Cornouaille 2013, dans les jardins de l’Evêché, le groupe breton Startijenn et le chanteur de raï El-Taqa ont prouvé combien le métissage génère du bonheur et de l’énergie positive. » martèle à nouveau le quotidien de François-Régis Hutin concernant le festival de Cornouaille.

En pays de Quimperlé, le festival de la parole poétique a choisi cette année comme thème … le métissage, ce qui donnera au journal l’occasion de titrer  » Métissage au Festival de la parole poétique » et d’employer de nouveau deux fois le mots dans l’article d’une dizaine de lignes.

Et malheur à ceux qui ne se plieraient pas au règne du métissage : ainsi le site Longueur d’onde critique-t-il le Hellfest de Clisson selon ces termes : « Toujours ce sentiment étrange, essentiellement en raison du style musical et non du fait du festival : l’absence de représentation ethnique ou métisse dans la foule. » (sic)

Un autre quotidien régional titre  « Babel Dance, un métissage plus que réussi » à propos d’un festival de danse de St-Brieuc : « Babel Danse, comme son nom l’indique, c’est aussi un mélange des cultures. «  nous explique le journal.

Néanmoins,  malgré tous ces efforts déployés, ce sont bien les défilés traditionnels Bretons – non- »métissés » ! -qui attirent le public en masse, à Lorient et à Quimper et on retrouve fréquemment plus de public dans les fêtes de village à écouter un récital de chants de marins plutôt qu’à découvrir tel ou tel groupe « à la rencontre entre Bretagne et Orient ».

Là encore, un profond décalage existe entre les envies et les rêves d’organisations et de médias  véhiculant à longueur d’année la doxa mondialiste et la grande majorité de la population qui attend  qu’on lui parle avant tout de ses racines. Tout simplement.

Photo : DR
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