« L’ordonnance du préfet de police Dubois n°22 du 16 brumaire an IX (7 novembre 1800), intitulée ‘ordonnance concernant le travestissement des femmes’ est incompatible avec les principes d’égalité entre les femmes et les hommes qui sont inscrits dans la Constitution et les engagements européens de la France (…) De cette incompatibilité découle l’abrogation implicite de l’ordonnance du 7 novembre qui est donc dépourvue de tout effet juridique et ne constitue qu’une pièce d’archives, conservée comme telle par la Préfecture de police de Paris“, écrit le ministère au Journal Officiel. »
L’abrogation de cette loi avait été demandée à plusieurs reprises mais sans effet. Heureusement, elle n’était plus appliquée mais son abrogation toute symbolique qu’elle fut, était nécessaire surtout quand on pense que dans certains pays, comme le Soudan et la plupart des pays musulmans, les femmes peuvent être emprisonnées ou fouettées si elles osent porter un pantalon.
Culotte ou pantalon ? Traditionnellement, la culotte est large, le pantalon plus étroit et moulant. Alors que la culotte a pu être portée par les femmes et définitivement rangée au rayon des sous-vêtements au point de devenir « petite », le pantalon a toujours été l’apanage des hommes, un privilège qu’ils ont toujours défendu en empêchant , par toutes sortes de ruses, les femmes de le porter. Curieusement, au sens figuré, une femme autoritaire ne porte pas le pantalon mais la culotte. Encore heureux, imaginez là cul nu donner des ordres, ça ne passerait pas …
Notre société ne craint pas les paradoxes, alors que les femmes françaises, dans leur ensemble, portent indifféremment la jupe ou le pantalon selon les circonstances, certaines nouvellement converties à l’islam ou militantes djihadistes, revendiquent le port de voiles, foulards, robes et amas de chiffons qui entravent les mouvements du corps et les gestes du quotidien, ce pour quoi précisément le pantalon a été adopté. La pantalon n’est pas forcément confortable mais tout le monde convient de ce qu’il est pratique pour monter sur les escabeaux dans les bibliothèques ou les boutiques, pour monter à cheval ou à bicyclette, pour courir ou faire sa gym dans l’herbe, pour causer à la tribune, pour cueillir des fraises ou grimper aux arbres, pour peindre des fresques ou les restaurer, pour bouger librement sans tirer sur sa jupe afin d’éviter de montrer une culotte que la jupe est destinée à montrer. Le pantalon libère le mouvement et c’est bien pour cela qu’hommes et femmes le portent.
Mitterrand avait aboli la peine de mort, Hollande aura aboli l’interdiction faite aux femmes de porter le pantalon. Grâce à Hollande aussi, les Maliennes pourront porter le pantalon puisqu’il a chassé les fous de Dieu qui voulaient imposer la charia au Mali. Quelle cohérence féministe, monsieur le Président ...
Permission de travestissement. Autorisation préfectorale de porter le pantalon pour « raisons médicales ». A renouveler tous les trimestres. On peut voir ce document dans l’atelier de Rosa, au château de By, près de Fontainebleau.
Rosa Bonheur dans son atelier, en pantalon
En cette date historique qui voit -enfin- l’abrogation de l’interdiction pour les femmes de porter le pantalon, écoutez cette émission sur France culture http://www.franceculture.fr/emission-concordance-des-temps-la-femme-et-le-pantalon-conquete-d-une-liberte-2010-09-11.html Invitée par Jean-Noël Jeanneney à l’occasion de la sortie de son livre, l’historienne Christine Bard nous raconte l’histoire politique du pantalon.
Voir les femmes en pantalon est devenu courant, ce ne fut pas toujours le cas. Pouvoir porter ce vêtement a été une longue conquête : l’ordonnance du 16 brumaire an IX (7 novembre 1800) de la Préfecture de Paris, interdisant aux femmes le « port des habits de l’autre sexe » a longtemps été le principal obstacle, avec la conception du pantalon, comme le symbole de la masculinité et du pouvoir. Après la Révolution française, l’Ancien Régime a donc perduré pour les femmes tant sur le plan vestimentaire que social et politique. En compagnie de l’historienne, Christine Bard, Jean-Jeanneney revient sur la lutte des femmes pour acquérir le droit de se vêtir librement et de pouvoir porter aussi bien le pantalon que la jupe. Avec la professeure d’histoire à l’université d’Angers Christine BARD. Elle est notamment l’auteur des Filles de Marianne (Fayard, 1985), desGarçonnes (Flammarion, 1998) deCe que soulève la jupe (Autrement, 2010) et elle vient de publier Une histoire politique du pantalon (Seuil, août 2010).
Interview de l’auteure sur France culture http://www.franceculture.fr/emission-concordance-des-temps-la-femme-et-le-pantalon-conquete-d-une-liberte-2010-09-11.html
- Abrogation de l’interdiction du port du pantalon pour les femmes au sénat en 2012
14 ème législature
Question écrite n° 00692 de M. Alain Houpert (Côte-d’Or – UMP)
Célèbre caricature de George Sand, 1848
La débardeuse, vue par Paul Gavarni
Jusqu’au xixe siècle inclus, en dehors de la période du Carnaval une femme à Paris n’a pas le droit de s’habiller en homme. Pour pouvoir porter un pantalon en dehors de cette période elle doit bénéficier d’une autorisation d’un commissaire de police, délivrée sur la foi d’une ordonnance médicale attestant qu’elle en a besoin pour raisons médicales.
Durant très longtemps les formes féminines sont très largement dissimulées par les vêtements. Ainsi les fesses, cuisses, jambes et mollets sont en temps normal complètement cachés par la robe et trois épaisseurs de jupons. Seule la cheville apparaît parfois au regard et est considérée comme érotique.
Un débardeur ou une débardeuse est une femme ou jeune fille vêtue d’un débardeur ou pantalon, de préférence particulièrement moulant. Ce personnage est ressenti comme très érotique.
Une aquarelle d’Eugène Lami montre une scène de Carnaval20 et confronte à gauche une femme et sa fille en tenue courante avec à droite une débardeuse montée à l’arrière d’une calèche. Une autre débardeuse est à cheval, de trois quarts dos et porte des vêtements masculins extrêmement moulants. Cette peinture permet de mesurer la distance astronomique séparant le vêtement féminin ordinaire de la tenue de débardeur.
Le débardeur c’est aussi une attitude et un comportement de la femme ou jeune fille ainsi costumée. Qu’ils soient réels ou attribués, on peut voir à ce propos les caricatures de Cham.
Le dessinateur Paul Gavarni s’est fait une spécialité de la représentation des débardeurs. On peut en voir un sculpté en bas-relief sur le socle du monument élevé à sa mémoire place Saint-Georges à Paris.
Les débardeuses n’étaient pas que parisiennes et propres au seul xixe siècle. Julien Gracq en parle dans La forme d’une ville, où on les voit apparaitre dans le cadre du Carnaval de Nantes en 1923 : « Ces silhouettes insolentes, puissamment vulgaires, de débardeuses du plaisir, qui pour un jour envahissaient les rues et se substituaient presque entièrement au peuple gris et noir des femmes encore long-vêtues des premières années vingt, sont restées pour moi le premier appel sexuel vraiment troublant, un appel auquel je ne savais donner encore aucun nom. »
Extrait d’une description du fameux bal masqué de l’Opéra, par Théophile Gautier21 :
- « Un torrent de pierrots et de débardeuses tournent autour d’un ilôt de masques stagnant au milieu de la salle, ébranlant le plancher comme une charge de cavalerie. Gare à ceux qui tombent. … Comme nous rentrions chez nous, nous vîmes descendre d’un estaminet une bande de quarante pierrots tous costumés de même, qui se rendaient au bal de l’Opéra, précédés d’une bannière où étaient écrits ces mots : Que la vie est amère! »
Il ne faut pas confondre ce débardeur avec un autre débardeur, célèbre maillot sans manches, plus tard baptisé familièrement en France « marcel », dont l’invention est attribuée auxForts des Halles de Paris au milieu du xixe siècle.http://fr.wikipedia.org/wiki/Personnages_typiques_du_Carnaval_de_Paris
Calamity Jane
L’écrivaine Colette
Jeanne Baret, première femme à faire le tour du monde
Compagne du botaniste Philibert Commerson, elle se fait passer pour son valet, sous le nom de Jean Baré pour l’accompagner dans l’expédition dirigée par Bougainville en 1766, à une époque où il est hors de question d’embarquer une femme1.
Leur supercherie est découverte à Tahiti en 1768, mais Bougainville les laisse continuer le voyage jusqu’à l’Île de France, l’actuelle île Maurice, où il les débarque. Commerson y meurt en 1773.
Désormais seule et sans ressources, Jeanne ouvre un cabaret à Saint-Louis et rencontre un officier de marine français, originaire du Périgord, Jean Dubernat, qu’elle épouse le 17 mai 1774 dans la cathédrale de Saint-Louis. Le couple rentre en France, bouclant ainsi le tour du monde. Jeanne ramène les récoltes botaniques de Commerson destinées au Jardin du roi, soit 30 caisses contenant quelque 5 000 espèces, dont 3 000 sont décrites comme nouvelles. Elle reçoit sa part de l’héritage de Commerson et le roi Louis XVI, qui reconnait ses mérites comme aide-botaniste, la félicite pour sa bonne conduite, la désigne comme « femme extraordinaire » et lui verse une rente.
Elle meurt en 18072. Elle est enterrée au cimetière de l’église de Saint-Aulaye, située sur la commune de Saint-Antoine-de-Breuilh en Dordogne. Elle a eu un fils né à Paris en 1764 et mort en bas âge.
Bougainville la cite dans son récit de voyage3, et Diderot dans son supplément au voyage4.
Son histoire est romancée dans La Bougainvillée, de Fanny Deschamps (1982). http://fr.wikipedia.org/wiki/Jeanne_Barret
Jeanne Dieulafoy, archéologue, cheveux courts et costume masculin pour travailler au Moyen-Orient musulman en toute sécurité et dans le plus grand confort possible. A cette époque, fin du XIXème siècle, le costume était encore codifié, chaque groupe social avait ses couleurs et son costume. Les femmes n’avaient pas d’autre choix que de porter le costume féminin par excellence , la robe ou le costume masculin à trois pièces (pantalon, gilet et veste). C’est pourquoi les femmes de cette époque ont une allure très masculine et je les soupçonne de l’avoir accentuée en se coupant les cheveux (une vraie femme se devait d’avoir de longs cheveux) par provocation.
L’exploratrice du Tibet, Alexandra David-Néel © Centre Culturel Alexandra David Néel
Amelia Bloomer
Amelia Bloomer (27 mai 1818 – 30 décembre 1894) était une militante du droit des femmes et du mouvement pour la tempérance. Employée des postes, elle édita la revue The Lily, consacrée principalement à la tempérance mais qui ouvrit largement ses colonnes aux militantes du droit des femmes comme Elizabeth Cady Stanton1. Bloomer devint célèbre en raison son combat pour la réforme vestimentaire, en défendant un « ensemble composé d’une jupe courte portée sur un pantalon à la turque »2 qui devait permettre une aisance de mouvement que n’offraient pas les longues robes de l’époque. Ces culottes bouffantes, qui prirent le nom de « bloomers », furent largement décriées et raillées par la société de son temps qui dénonçait leur inconvenance mais trouvèrent leur usage à partir des années 1890-1900, notamment dans la pratique de la bicyclette.http://fr.wikipedia.org/wiki/Amelia_Bloomer
- Ailleurs dans le monde, le pantalon reste proscrit pour les femmes
Source photo : http://www.amacod-dijon.fr/articles_actu_nat/100_droit_des_femmes/index.html