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Syrie : dictature alaouite, chiite, sunnite ou bordel international ?

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http://philippehua.com/2013/05/05/sur-arab-idol-un-jeune-chanteur-syrien-bouleverse-le-monde-arabe/ Agé de 25 ans et originaire d’Alep, dans le nord de la Syrie, ce jeune inconnu a quitté il y a peu son pays dévasté par la guerre pour rejoindre le Liban et participer à l’émission « Arab Idol », un concours de chant inspiré de la célèbre version anglaise « Pop Idol ». Devant les caméras, seul sur scène, il chante les souffrances de son pays dans un hymne à la paix qu’il a lui-même composé, « Alep, source de douleur ». Et bouleverse des millions de téléspectateurs… En quelques jours, la séquence vidéo de sa performance rassemble près de 5 millions de vues sur YouTube

A l’aube de la rentrée sociale et économique, la France saute sur l’aubaine syrienne pour distraire le bon peuple du rétrécissement inexorable de son pouvoir d’achat. Comme on dit en bourse, achetez au son du canon, vendez au son du clairon . La guerre, surtout chez les autres, c’est bon ça Coco, pour l’économie nationale, surtout quand on sait que la France a des cargaisons d’armes, de munitions, d’aéronautique et de toutes sortes d’engins de guerre à vendre au plus offrant.

Au prétexte d’intervention humanitaire pour sauver des enfants d’armes chimiques, notre président est en train de nous préparer à une intervention militaire en Syrie contre le méchant Bachar-Al-Assad que ses prédécesseurs de gauche ou de droite  n’ont pas pour autant cherché à entraver lorsque son père ou lui-même’envoyaient ses chiites envahir et détruire le Liban dans le but de reconstruire la Grande Syrie.

On ne sait que trop que dans les pays à composition ethnique et religieuse multiples, la dictature semble malheureusement être la seule solution. de facilité. Le fédéralisme à l’américaine, la suisse ou l’allemande semble être inaccessible aux pays musulmans qui sont tous, sans exception des dictature d’Etat. La Russie et la Chine l’ont bien compris pour leur propre nation et pour celles qu’ils soutiennent. Avec l’Iran, elles apportent donc un soutien sans faille à Bachar-Al-Assad.

De leur côté, les démocraties occidentales espèrent tirer les marrons pétroliers du feu en favorisant, sinon en suscitant la révolte contre la dictature soit-disant au nom de leurs valeurs humanistes.

En réalité, il s’agit d’affrontements virils entre dirigeants avides de puissance et des richesses conséquentes. Les citoyennes comme moi ne peuvent que rouspéter, tant qu’elles ont la liberté de s’exprimer, contre le cynisme des combattants de toutes les parties. En effet, dans le cas de la Syrie, il n’y en a pas une pour sauver l’autres, elles sont toutes infectes.

Qu’en pense le « monde arabe », après tout c’est l’Oumma Islamiya » qui est la plus concernée ? J’ai un peu recherché des réactions arabes décalées et critiques et, comme je ne connais pas la langue arabe, je n’ai pu sélectionné que des articles en français ou en anglais, un biais à prendre en compte dans leur lecture. J’ai trouvé des articles intéressants, parce qu’écrits dans un langage que je peux comprendre tant du point de vue de la forme que du fond, sur « Liberté Algérie » mais aussi Global Brief . Je vous invite à lire ces articles mais aussi les commentaires qui suivent. Ils me plaisent parce que je les trouve justes sauf pour le rappel -« génétique » chez les Algériens -de la responsabilité des colonisateurs anciens et nouveaux. Ils n’ont toujours pas changé de disque.

Alors que des Syriens s’entretuent allègrement, les “communautés” — internationales, européennes, islamiques, arabes et autres — constatent leur impuissance à ne serait-ce que réduire les souffrances des innocents.
Le Conseil de sécurité confirme, une fois de plus, qu’il n’est pas exactement conçu pour servir sa finalité statutaire : la paix. Entre les puissances qui “menacent” d’intervenir pour le compte d’une partie du conflit et celles qui menacent d’intervenir pour le compte de l’autre, il semble servir de lieu de confrontation géopolitique sans armes. Et pour cause : il est lui-même le fruit de l’issue d’une guerre mondiale.
Dans le cas syrien, les attributs des forces en présence — une dictature sanguinaire, d’un côté, et une rébellion phagocytée par le terrorisme islamiste, de l’autre — permettent à chacune des positions de se prétendre agir pour “la bonne cause”. En s’illustrant dans le détournement totalitariste des “révolutions arabes”, l’opportunisme islamiste a donné des arguments à l’option du statu quo : faut-il soutenir des révolutions qui font marchepied au fascisme vert ? …Par la connivence de dirigeants “arabes” installés au lendemain des indépendances a emprisonné des peuples dans un monopole autoritaire réducteur : l’entité arabo-islamique magique. Des États sectaires devaient entretenir l’illusion d’une unité pour cause d’uniformité. Pour se libérer de ces camisoles solidaires, les populations sont allées chercher ce qu’il y a de plus atavique dans ce qui les différencie. De durables dictatures les ont condamnées à se déchirer avant de se reconnaître ! Et avant que ces dictatures ne disparaissent. Au prix que l’on voit.http://www.liberte-algerie.com/contrechamp/la-syrie-le-monde-et-le-monde-arabe-205806

Hier, la pression est montée d’un cran car les pays occidentaux, emmenés par États-Unis, se sont dit convaincus par la responsabilité du régime dans l’attaque chimique du 21août près de Damas. Cette coalition naissante semble sur le point de lancer une action militaire contre le régime syrien, alors que les alliés russe et iranien de Bachar al-Assad ont mis en garde contre une déstabilisation de l’ensemble de la région. Pendant ce temps, les experts de l’ONU continuaient leur enquête sur un éventuel usage d’armes chimiques. ..François Hollande, qui reçoit aujourd’hui le président de la Coalition nationale syrienne, Ahmad al-Jarba, s’est dit lui aussi “prêt” à intervenir militairement pour “punir” Damas qui a “gazé” son peuple. Une éventuelle frappe est “une question de jours”, a estimé Ahmad Ramadan, dirigeant de cette coalition de l’opposition, en faisant état de “rencontres entre la coalition, l’armée syrienne libre et les pays alliés, où ont été discutées les cibles éventuelles”, dont des aéroports, bases militaires et dépôts d’armes. http://www.liberte-algerie.com/actualite/les-va-t-en-guerre-face-a-leur-opinion-publique-l-attaque-programmee-contre-la-syrie-ne-fait-pas-l-unanimite-206016

Le peuple syrien, mais aussi les intervenants indirects dans l’insurrection, auront vérifié ce qui a été vérifié par les autres “révolutions arabes” : les dictatures sont prêtes à tout pour ne pas céder le pouvoir. Si le massacre a été dévastateur en Libye, et l’est encore plus en Syrie, il faut dire qu’il n’y a pratiquement pas un régime dans le monde dit arabe qui peut prétendre avoir survécu sans avoir eu, à un moment ou un autre de son histoire, à assassiner des citoyens qui le contestaient…Après cent mille morts, et peut-être plus, pour ne pas avoir su s’indigner à temps, “la communauté internationale”, cette fois-ci dépourvue de légalité internationale, devra “punir” Al-Assad d’avoir gazé sa population en évitant soigneusement que les représailles n’aillent jusqu’à provoquer la chute du régime ! La situation a, en effet, le niveau de confusion auquel la situation est parvenue, la quantité d’antagonismes croisés qui s’y expriment, la multiplicité de commandements qui y opèrent, les stratégies en compétition, l’armement disponible, etc., font que le pire reste nécessairement à venir. La chute de Bachar al-Assad accélèrerait l’explosion de cet indescriptible chaudron. Un chaudron dont les antagonistes ne sont pas nombreux à avoir le souci de l’humanitaire. Chez certains d’entre eux, l’acte de tuer, de massacrer, n’est même pas mû par l’objectif militaire, il est pratiqué comme acte de foi ! http://www.liberte-algerie.com/contrechamp/la-syrie-un-cas-particulier-206068

Une intervention militaire étrangère dans un conflit interne suscite moult prises de position et rarement le consensus internationalL’intervention conduite par la France au Mali et celle menée, de façon indirecte, en Syrie ne font pas exception. Il existe un quasi consensus arabe pour un soutien à une intervention militaire directe ou indirecte en Syrie, afin de soutenir l’opposition armée contre le régime de Bachar el-Assad. Les seuls bémols viennent de trois États – l’Algérie, le Liban et l’Irak – qui ont émis des réserves quant à deux décisions de la Ligue des États arabes: l’octroi du siège de la Syrie à l’opposition et la livraison d’armements aux groupes insurgés. Dans le cas du Mali, le rapport pour/contre est plus contrasté et relativement équilibré avec, pour une majorité des États arabes, des positions de relative indifférence. Ainsi, les pays soutenant l’intervention française sont l’Algérie, le Maroc, l’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis et la Mauritanie. Ceux qui s’y opposent clairement sont la Tunisie, l’Égypte, la Libye et le Qatar….En revanche, l’Arabie saoudite et le Qatar sont partisans d’une intervention militaire contre le régime Assad, sans pour autant armer les mêmes protagonistes. En effet, les Saoudiens soutiennent les Salafistes, tandis que le Qatar soutient les Frères musulmans. Or, bien qu’appartenant à l’islamisme sunnite, ces deux tendances n’adoptent pas la même stratégie. Pour finir, le paramètre idéologique hérité de la Guerre froide pousse-t-il l’Algérie et l’Irak à se solidariser avec la Syrie, trois alliés historiques de la Russie, farouchement opposée à une intervention en Syrie? Dans ce carré, deux lignes idéologiques se croisent: l’une est d’ordre confessionnelle et relie l’alaouisme des Assad au chiisme du gouvernement irakien; l’autre est politique – la doctrine souverainiste de la non-ingérence dans les affaires intérieures – et relie l’Algérie à la Russie. http://globalbrief.ca/blog/2013/06/19/mali-et-syrie-reactions-dans-le-monde-arabe/

Pourquoi eux, qui ont mis le régime syrien au ban du monde arabe, n’interviennent-ils pas ? L’Arabie saoudite a la plus puissante aviation de la région : ses avions sont à une heure de vol de Damas. L’Égypte dispose elle aussi d’une force aérienne redoutable, formée et entraînée par les Américains : pour elle aussi, Damas c’est trop loin. La Jordanie, plus petite, dispose d’une des meilleures armées de terre de la région : juste une frontière tenue par ses alliés de l’Armée syrienne libre (ASL) à franchir. Le Qatar, côté militaire, n’est pas non plus à plaindre : mais il préfère utiliser ses milliards pour entraîner les hommes de l’ASL. Envoyer des soldats qataris, jordaniens, égyptiens ou saoudiens en Syrie ? Mais – comme on dit à la récré – ça s’fait pas ! C’est aux Occidentaux d’y aller, avec la bénédiction plus ou moins gênée et hypocrite de la Ligue arabe. Il est vrai que Ponce Pilate était du coin. Par principe, les armées arabes ne tuent pas d’autres Arabes. Sauf les leurs.
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