Archives de Tag: MLF

Féminisme et humour. Marie-Paule Belle et Françoise Mallet-Joris. Chansons.

Quand les nouvelles féministes post 68 chantaient avec humour, dérision, ironie et fous-rires.

Nous n’étions pas toutes lesbiennes mais celles-ci étaient particulièrement créatives et nous leur devons la plupart des chansons des années 68-80. (Christiane Rochefort, Christine Delfy, Monique Wittig, Emmanuelle de Lesseps (égorgée et violée par un musulman aux Buttes-Chaumont en novembre ), …

A cette époque le Mouvement était uni et nous ne faisions pas de distinctions entre homos, hétéros, célibataires, en couple, trotskistes, maoïstes, marxistes, apolitiques. Ce qui nous réunissait devrait encore constituer la base du féminisme : la discrimination sexiste, la stigmatisation des femmes, leur infériorisation sociale et économique, le machisme et les lois patriarcales. De nos jours trop d’hommes et de femmes prétendent que « les femmes sont libérées » jusqu’à ne pas craindre l’oxymore de « la féministe voilée’. Ironie du sort, je me souviens qu’au début du Mouvement, en 1969, le voile était le principal symbole de l’oppression des femmes ! Et nous ne mégotions pas sur la longueur de l’étoffe, haïk grillagé, tchador en Iran, Niqab, burqa, saoudiennes masquées dépensant leur pognon dans les boutiques de luxe de l’avenue Montaigne.

Malheureusement, le superbe Mouvement des femmes fit l’objet de tant de convoitises  politiciennes qu’à peine deux ans après sa naissance, il fut la proie de prédatrices et de prédateurs qui semèrent une division mortelle identique aujourd’hui à celle qui afflige le Mouvement de gilets jaunes …quoique les GJ fasse preuve d’une résistance populaire qui trouve des échos dans le monde entier : Hong Kong, Liban, Argentine, Catalogne…

https://fr.wikipedia.org/wiki/Marie-Paule_Belle

 

 

 

 

 

 

Marie-Paule Belle « La Parisienne » (live officiel) 1976| Archive INA

 

A écouter aussi ces quelques tubes féministes

https://www.franceculture.fr/histoire/chanter-contre-le-pouvoir-du-phallus-ces-tubes-feministes-quon-redecouvre

 

Féministes, libérez-vous !

Toutes dans la rue avec le MLF

Source image

Je n’aurais pas écrit l’article qui suit d’Anne Zélensky, présidente de la Ligue du Droit des Femmes, militante féministe de la première que j’ai rencontrée dans les AG des Beaux-arts en 1970. Toutefois, je le trouve très juste et c’est pourquoi je vous invite à le lire.

Je n’aurais pas écrit cet article car je m’efforce de ne pas tomber dans l’acharnement systématique et très partagé contre « lesféministes ». Il est de bon ton aujourd’hui, chez les femmes comme chez les hommes, d’envoyer « lesféministes » en enfer, de se moquer d’elles, de désavouer leurs actions et d’oublier leur contribution à l’évolution de la société moderne et à la libération des femmes : droit de vote, droit d’étudier partout, droit de travailler et d’ouvrir un compte en banque sans l’autorisation du père ou du mari, égalité salariale (théorique), parité en politique (théorique), droit à la contraception, criminalisation du viol désormais jugé en assises (théoriquement), droit au divorce et partage de l’autorité parentale, reconnaissance des mères célibataires (autrefois filles mères maudites) et droit à la recherche de paternité, droit de transmettre le nom de la mère à l’enfant, droit à l’avortement pour celles qui le souhaitent, droit de porter le pantalon et de s’habiller selon son bon vouloir, etc.

Les jeunes femmes qui profitent de tous ces droits gagnés de haute lutte grâce aux mouvements féministes des 19ème et 20ème siècle se reposent sur les lauriers de leurs aînées sans vouloir prendre la relève alors qu’ils reste encore tant à faire pour bénéficier d’une réelle égalité de droits entre femmes et hommes. Par exemple, les lois sur l’égalité salariale, l’égalité professionnelle et la parité ne sont pas appliquées.

Malheureusement, les néo féministes brouillent les pistes de l’égalité en se mettant au service de la loi patriarcale et font la belle part aux mâles au nom d’une idéologie crypto marxiste qui établit que le plus digne de leur compassion est l’immigré violeur, cogneur, trafiquant de drogue, manipulateur, proxénète, polygame et envahisseur…parce que nous serions responsable de sa misère matérielle et morale.

Anne Zélensky vous livre ci-dessous une analyse intelligente, humaine et lucide.

La Connectrice

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Source : Causeur N°32-février 2016 p.66

               Faut il désespérer des féministes?

            Le message que certaines féministes ont fait passer à l’occasion des agressions de Cologne est  choquant.  Lentes à la manoeuvre, pour dénoncer, elles se sont vite rattrapées .en entonnant le couplet: «comprendre, ne pas stigmatiser et tout faire pour contrer la montée du FN » On connaît la chanson.: Depuis des lustres,  les préposées à la parole  publique  sur le féminisme ont le souci principal de  chercher des excuses aux autres ;; Elles en ont oublié   d’exister par elles mêmes.  Mais cette attitude compassionnelle est loin  d’exprimer l’ensemble  de  la réflexion sur le féminisme. Malheureusement ces sons de cloche différents ne résonnent guère dans les medias. Et le public croit que le féminisme se résume à ce qu’en disent certaines, un peu toujours les mêmes, que d’aucuns nomment néoféministes.  Eh bien le public doit savoir qu’il  y a d’autres manières de concevoir le vaste et beau projet féministe, qui s’inscrit dans une longue histoire et dont le sens est quelque peu dénaturé aujourd’hui.  Etre féministe c’est d’abord se connaître et se comprendre. Ce n’est pas être à la traîne d’idéologies, qui sous leur apparente générosité, reconduisent la servitude du deuxième sexe, le bien nommé..

            Je suis donc féministe moi aussi et même « historique », label que m’a valu mon action depuis les glorieuses années 70. Mais on a du mal à me publier aujourd’hui, en vertu du besoin de « nouveauté » . Patience ! Après ma mort on me rendra sans doute l’hommage dû aux «historiques». Dommage car le recul donne une vision en surplomb  .  Je m’efforce toujours de penser,  en dehors des cadres balisés.  Et je me retrouve là où on ne m’attend pas, mais je ne perds jamais mon nord.

             Je ne me reconnais vraiment pas dans  les bémols précautionneux qui ponctuent la tardive mise en cause   des débordements sexistes de la nuit de la St Sylvestre.  Je ne souscris pas au maternalisme  qui consiste à minimiser d’ inadmissibles violences machistes au prétexte qu’elles sont le fait de migrants. Je ne me reconnais pas dans ce «féminisme» frileux et aligné, qui se met de côté, reste l’ombre de l’autre, ne produit plus de pensée propre et vigoureuse. Où sont passées l’invention et l’audace des années 70?  Foin alors du dévouement millénaire à l’autre, basta la compassion, à nous une juste reconnaissance et la reprise en main de nos affaires. « Charité bien ordonnée commence par soi même ». Véritable révolution à une époque où sévissait le dogme des priorités, celle de la lutte des classes sur toutes les autres. La justice serait rétablie automatiquement pour tous les exploités quand le prolétariat aurait triomphé. Mais nous les féministes de ces années là (pas toutes), avons préféré suivre la voix de notre ventre plutôt que celle de notre maître. Notre ventre nous appartient et le reste avec, avons-nous clamé ! Et on nous a entendues. On finit toujours par entendre ceux qui haussent le ton. Or, les féministes d’aujourd’hui chuchotent et n’osent plus investiguer de nouvelles voies.  Elles ont tellement peur de déplaire qu’elles en ont perdu la voix. Il nous a fallu alors bien du courage  pour affronter l’opprobe suscitée par  nos agitations. Deux exemples parmi tant d’autres. Le viol : on  attendra 1980 pour qu’il soit renvoyé aux assises par nos soins. Ah le tollé ! Comment ? on allait envoyer en prison des gars qui ne savaient pas ce qu’ils faisaient les malheureux. Des sans coeur nous étions, je vous dis. Mais il y a toujours un moment où il faut choisir : Etre  violée en silence ou dire publiquement qu’on a été violée et que ça exige réparation. C’est ça le féminisme, ne plus écraser et avoir honte à la place de l’autre. Deuxième exemple . Quand à la Ligue du Droit des femmes nous avons dénoncé l’excision dans les années 80, les bonnes âmes de gauche nous ont vivement interpellé «   Vous allez mettre en prison le pauvre travailleur malien . Vous n’avez pas honte ? » Et nous de répondre «  Et la fillette mutilée ? »  Et j’en passe.

            On est loin aujourd’hui de cette saine  insolence  libératrice. Las ! Le système des priorités est toujours à l’œuvre. Exit la  lutte des classes, c’est ringard .  A l’ordre du jour c’est l’immigré le nouveau damné de la terre. Dans la hiérarchie de l’exploitation, il est en haut. Pas question de lui disputer sa place ! Et nos féministes d’emboîter ce pas , et de se mettre en sourdine . Toujours le même syndrome compassionnel que nos arrières grand’mères  qui elles ne pouvaient pas faire autrement.  En fait  nos «têtes de gondole» féministes ont  délaissé le projet de libération des femmes,  pour se vouer à l’humanitaire. Elles sont revenues à nos vieux moutons : une femme fait passer l’autre avant soi. Elles se sont détournées de ce « soi » cher à V. Woolf. Ce «soi» précieux qui est le gage de l’autonomie, de la pensée libre Il faut se mettre d’abord à son propre service pour mieux coexister. Elles ne traquent plus les nouvelles niches du sexisme, hydre toujours reconstituée, mais préfèrent se joindre à la cohorte installée de  l’antiracisme, l’œil fixé sur la montée du FN qui monte justement à cause de leur déni de la réalité. Or, l’antiracisme obsessionnel ne fait-il pas écran au sexisme ? On ne peut plus rien  dire sur le machisme de certaines cultures sans être taxées de raciste où colonialiste. Bien commode pour jeter un voile sur la douloureuse condition des femmes sous loi musulmane. Ces féministes-là pensent-elles au désespoir de celles qui se sont exilées de leurs pays pour retrouver ici ce qu’elles ont fui ? Pendant ce temps, courent par en dessous, toutes les autres formes d’exclusions qu’on ne voit plus et qu’on ne combat plus. C’est ainsi que le féminisme est en panne.

            Oui, où est passé le salutaire toupet d’antan ? Celui-ci a guidé hors des sentiers  de la servitude toutes celles qui ont relevé la tête depuis Christine de Pisan , en passant par les suffragettes, Simone de Beauvoir jusqu’aux   « salopes » du Manifeste des 343. Et maintenant ? 

            Les féministes en place auraient-elles perdu le nord ?

Anne Zelensky, présidente de la Ligue du droit des femmes.

8 mars 2015 Féminisme. Nous avions 20 ans en 68 et nous pensions pouvoir changer le monde …

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Les féministes historiques dont je suis avaient 20 ans en 68. Nous étions idéalistes, belles, enthousiastes, sincères et humanistes. Nous étions imprégnées de christianisme, de marxisme, de maoïsme, d’anarchisme, de judaïsme, de bouddhisme, de républicanisme, de psychanalyse et de toutes les grandes idées diffusées depuis des siècles par des philosophes et des scientifiques. Nous pensions pouvoir construire une société meilleure parce que plus égalitaire où les femmes, la moitié du ciel comme disait Mao, seraient respectées dans tous les domaines de la société au même titre que les hommes. Nous ne voulions ni dominer, ni être dominées et, pour ma part, j’adoptai la devise « ni maîtresse ni esclave ».

De nombreuses féministes nous avaient précédées dans l’Histoire et nous ne faisions que reprendre des revendications vieilles comme le monde mais, cette fois-ci avec de magnifiques modèles de militantes pour la cause des femmes.

Au cours de la première décade des années 70 nous connurent ivresse, rigolades, joies, espoirs et une libération réelle des morales religieuses, des diktats du patriarcat, des modes, de la morale avec sa pression sociale et des idéologies. Plus exactement, tout en se disant politique, le mouvement de libération des femmes se démarquait des organisations politiques qui, dans leur majorité, favorisaient les hommes et fonctionnaient selon un schéma patriarcal. Certaines femmes quittèrent alors organisations et partis pour rejoindre « le Mouvement », comme nous disions alors.

Lycéenne dans les années 60, j’étais révoltée par la discrimination institutionnelle dont les filles étaient l’objet. Élève d’un rare lycée mixte pour l’époque, j’avais interdiction de porter un pantalon, je devais mettre une blouse rose les semaines paires et une blouse bleue les semaines impaires tandis que les garçons portaient des blouses grises tâchées et couvertes de graffitis sans obligation d’en changer durant toute l’année, j’avais des cours de cuisine et de puériculture tandis que les garçons avaient « atelier ». A la maison, les filles devaient aider à la cuisine, mettre le couvert, faire la vaisselle tandis que les mâles de la famille se prélassaient au salon en écoutant les informations et lisant le journal, un moment sacré et essentiel pour eux.

Nous étions alors dans une grande sécurité matérielle car il n’y avait jamais de vols ni de délinquance dans le bourg où je vivais. Les portes des maisons restaient ouvertes et les clefs des véhicules sur le tableau de bord. Par contre les filles comprenaient très jeunes qu’elles étaient des proies potentielles et les adultes minimisaient l’incidence des réflexions graveleuses ou obscènes et quand le notaire me pinçait les seins en s’exclamant « ça pousse ! », j’étais la seule confuse et humiliée.

Autrefois, on disait aux petites filles, ne fais pas ceci, ne fait pas cela, une fille ne fait pas ça, ceci est réservé aux garçons. Et si la petite fille grimpait dans les arbres, courait après un ballon ou se roulait dans l’herbe à roule-barricot, criait de joie, on la traitait avec mépris et désolation de « garçon manqué. » Dans le Mouvement on disait au contraire « On peut tout faire, il suffit d’apprendre ». Et en effet, nous abandonnâmes nombre de nos inhibitions pour faire des journaux, des affiches en sérigraphie, résoudre nos problèmes de plomberie ou d’électricité, utiliser les premiers magnétoscopes et monter des vidéos et nous organiser en groupes de conscience non mixtes. Dans un de ces groupes des femmes utilisaient des miroirs pour voir de leurs propres yeux comment elles étaient faites, un privilège réservé jusque là à ces messieurs qu’ils soient gynécologues ou non. Pour Beaucoup, la vulve était encore « la partie infâme de leur individu » comme la morale puritaine le leur avait transmis avec ses histoires de femmes pécheresses, de filles de mauvaise vie et de dévergondées.

Bien qu’ils prétendissent le contraire, les hommes tenaient les femmes par le sexe, non pour le plaisir mais pour la reproduction de l’espèce, de la lignée et de la chair à canon. C’est pourquoi, dès les premiers engagements du Mouvement, le contrôle des naissances prit une grande importance. La pilule contraceptive venait juste d’être commercialisée en France et peu de gynécologues la prescrivaient. L’avortement était interdit et environ un million de femme avortaient chaque année à l’étranger si elles en avaient les moyens, sinon dans la clandestinité avec des méthodes barbares : recours aux faiseuses d’ange, introduction d’une aiguille à tricoter ou d’une queue de persil dans le col de l’utérus pour provoquer une infection qui parfois se transformait en tétanos mortel, absorption de potions soit-disant abortives, sauts de plusieurs mètres dans le vide, coups sur le ventre, etc. Ces méthodes cruelles entraînaient souvent la mort par septicémie, empoisonnement ou traumatismes. Les femmes qui survivaient couraient le risque d’une infection qui les rendrait stériles en bouchant leurs trompes ou en nécessitant une hystérectomie.

Malheureusement, les technologies progressant plus vite que ne changent les mentalités, les petits et grands chefs virent dans notre libération sexuelle une magnifique opportunité de se constituer des harems. Nous étions peut-être libres de nos corps mais nos têtes étaient sous l’emprise de la servitude volontaire ou du syndrome de Stokholm. Nous étions toujours psychologiquement dépendantes de nos mâles, qu’il y en eut un ou plusieurs dans notre entourage. Certaines féministes divorcèrent mais ce fut souvent pour tomber de Charybde en Scylla, soit pour s’unir à un révolutionnaire certes machiste mais pour la « bonne cause », soit pour s’unir à une femme avec laquelle elle reproduisait le schéma du couple hétérosexuel. L’expérience nous apprend que beaucoup de temps est nécessaire pour modifier les schémas psychologiques, sociologiques et légaux. Regardez la loi sur l’interdiction du pantalon aux femmes : édictée le 17 novembre 1800 elle ne fut abrogée qu’en 2013 !

En 1969, je n’étais absolument pas politisée lorsque, informée par une amie, je me rendis à une réunion du Mouvement à l’Ecole de la rue d’Ulm. Je fus immédiatement séduite par le discours enflammé mais réaliste de ces jeunes femmes intelligentes, éduquées, cultivées et sympathiques. Mon féminisme inconscient y trouva tout de suite un écho et du réconfort. Je n’étais plus seule à me révolter contre l’injustice de ma condition de femme, je n’étais plus ni folle, ni asociale, ni nulle et incapable. J’eu à peine le temps de savourer ma révélation que je partis étudier une année aux Etats-Unis où la toute fraîche émancipation des Afro-Américains prit le pas sur mon féminisme tout juste conceptualisé.

J’avais parfois côtoyé des noirs, notamment au lycée que fréquentaient quatre Camerounais en tout et pour tout et je ne leur avais trouvé comme différence que d’être particulièrement collants lorsque nous dansions dans les surprises-parties. A Saint-Louis du Missouri, je découvris à ma grande surprise que les noirs étaient noirs. Le nombre et le comportement faisaient la différence. En dehors des campus et des quartiers universitaires, la plupart de noirs vivaient dans des ghettos souvent misérables et ils restaient entre eux, jusque dans les bus où ils s’asseyaient au fond comme sous les lois ségrégationnistes. Les blancs les craignaient et eux ne se gênaient pas pour nous insulter ou nous manifester leur hostilité. Alors qu’un jour, accompagnée d’une étudiante noire, nous regardions des affiches épinglées dans le local d’une association noire, une femme vint rageusement  les arracher sous notre nez afin que nous ne puissions pas les lire. Mon amie noire fut outragée tandis que j’étais effarée. Il est possible que, du fait de mon expérience personnelle aux USA, par la suite je ne me suis jamais sentie vraiment concernée par l’assimilation du féminisme à l’anti-colonialisme. Je savais qu’une femme blanche était inférieure à un homme noir, quoi qu’en disent les marxistes et consorts. Et aujourd’hui, lorsque je constate que certains « collectifs de femmes » fusionnent féminisme, islamophilie et homophilie je suis consternée pour la bonne raison que le plus misérable des hommes se sentira toujours supérieur à la plus extraordinaire des femmes et qu’il n’hésitera pas à le lui prouver en la violant.

De retour en France, je me précipitai à la première réunion féministe venue. En une année, le Mouvement s’était étoffé et se réunissait désormais dans le bâtiment préfabriqué édifié dans la cour de l’Ecole des Beaux-Arts, rue Bonaparte. Nous étions de deux à trois cents femmes passionnées pour ces AG hebdomadaires, toutes belles et sympathiques. J’étais alors trop spontanée et naïve pour y distinguer des leaders, des manipulatrices et des ambitieuses. Tandis que nous débattions avec fougue, quelques hommes nous attendaient à l’extérieur. Parmi eux se trouvait Roland Castro, le futur « architecte du Président », chef de VLR (Vive la Révolution, Mao Spontex) et directeur de « Nous voulons tout ». Il avait « autorisé » les femmes de son groupuscule à le quitter (enfin presque) pour rejoindre le Mouvement. Annette, Sophie, Nadja et quelques autres s’étaient peu de temps auparavant enchaînées aux portes de la prison pour femmes de La Roquette et avaient pour cela un peu goûté à la prison. Elles étaient nos héroïnes du moment mais pour ma part, je m’intéressais plus à Hubertine Auclert qu’une plaque située juste en face de la prison de la Roquette rappelait à mon bon souvenir. J’avais été particulièrement conquise par les féministes du XIXème siècle qui avaient efficacement déblayé les tunnels et voies sans issue de la condition des femmes, notamment en matière d’éducation.

Hubertine Auclert  (1848-1914). Source photo http://www.eveleblog.com/approfondir/connaissez-vous-hubertine-auclert/

A suivre …

Pour en savoir plus

  • Archives du féminisme sur le blog Re-belles

http://re-belles.over-blog.com/

  • Revue féministe Sisyphe

un site féministe d’information, d’analyse et d’opinion.

http://sisyphe.org/

Antoinette Fouque, prédatrice du Mouvement de libération des femmes, est décédée

Antoinette Fouque née à Marseille de parents corses il y a 77 ans est décédée, sans doute des conséquences de la sclérose en plaques dont elle souffrait depuis des années.

Je suis étonnée par le panégyrique que Najat Vallaud-Belkacem lui a dressé.

Rusée comme une renarde, cette féministe avait l’art de manipuler les femmes fragiles en demande de sens et d’amitié, et de récupérer leur énergie, leur travail et leur créativité. Montée à Paris avec son mari et sa fille elle avait acquis de la notoriété dans le mouvement de libération des femmes en s’appuyant sur son analyse avec Jacques Lacan, mandarin prestigieux au sein de toutes les tendances de gauche à partir des années 70. Elle avait regroupé autour d’elle un certain nombre de femmes qui se retrouvaient dans son appartement de la rue des Saints-pères sous le nom de « psyképo », psychanalyse et politique. Elle vivait alors avec son mari, sa fille Vincente et son amie Josiane Chanel, agrégée et Psychotique qui lui servait de carte de visite et qu’elle avait convaincue d’abandonner son appartement de la rue des Canettes pour en faire le local des femmes.

Très rapidement, Antoinette devait prendre en analyse ces jeunes femmes sensibles et souvent fragiles qui buvaient ses paroles qui mélangeaient théories féministes américaines et psychanalyse. De mauvaises langues racontaient qu’elle les abandonnait en plein transfert afin de pouvoir les manipuler à sa guise. Ces jeunes femmes qui s’habillaient toutes chez Sonia Rykiel lui étaient totalement dévouées, l’adulaient et ne supportaient pas qu’on puisse élever la moindre parole critique sur leur gourou. En effet, « Psyképo » fonctionnait comme une secte à tous points de vue.

Après Lacan, Antoinette Fouque racontait s’être allongée sur le divan de Luce Irigaray qui, d’après elle représentait la psychanalyse féministe. Avoir quitté le maître incontesté de l’intelligentsia parisienne pour une femme illuminait la féministe d’un prestige incomparable. Petite et peu avenante, elle tirait son charme de sa langue bien pendue, de son sourire rusée et, surtout de son art de lancer des piques assassines en ayant l’air de rien. Elle était d’une efficacité redoutable pour éliminer ses adversaires, à savoir toutes les femmes qui ne se soumettaient pas à ce pouvoir qu’elle ne cessait jamais de dénoncer. A l’en croire, toutes les féministes, sauf elle, cherchaient à contrôler et exploiter toutes les femmes qui arrivaient dans le Mouvement naïves, authentiques, sincères et pleines d’espoir.

Je parle en connaissance de cause pour être passée moi-même par « Psyképo » et en être sortie après qu’Antoinette ait insisté pour que je m’allonge sur son divan en m’offrant un verre de vin et posant la bouteille à portée de main…Comme je ne bois pas d’alcool, je n’ai pas eu le loisir de perdre la tête et j’ai enregistré la leçon 😉

On va dire que le moment n’est pas venu, à l’heure où la condition des femmes régresse et ou le « féministe bashing » fait flores, de relancer la polémique entre femmes et je déplore d’avoir à remettre ces désaccords sur le tapis. Mais voilà, Antoinette Fouque avait l’air d’une femme mais se comportait exactement comme les hommes qu’elle nous « apprenait » à dénoncer et dont elle faisait tout pour nous séparer afin de constituer son propre harem. Ce constat vaut pour le général et le particulier. Je me souviens du désespoir d’un architecte que son épouse avait quitté pour devenir le lieutenant le plus féroce d’Antoinette.

Antoinette Fouque a largement contribué à la destruction du mouvement de libération des femmes pour le réduire à « MLF » déposé et trois librairies.

Je laisse maintenant la parole aux femmes qui ont exprimé leur indignation lorsque Antoinette Fouque a eu l’indécence de déposer le nom « MLF ».

L’héritage féministe détourné

DES FEMMES DU MOUVEMENT DE LIBÉRATION DES FEMMES (NON DÉPOSÉ, NI «CO-FONDÉ»). 7 OCTOBRE 2008 À 06:51

On a beaucoup parlé, récemment, de mai 1968. On en a rappelé le fantastique foisonnement de paroles, d’idées, de révoltes, de désirs enfin mis à nu : un formidable moment de (re)mise en mouvement de la société – et pas seulement en France.

Il n’est venu à l’idée d’aucun des acteurs, célèbres ou anonymes, de cette période, d’en réclamer la paternité, de se déclarer initiateur, ou «fondateur» de mai 1968. Daniel Cohn-Bendit lui-même, symbole du mouvement l’aurait-il tenté, qu’il eût été accueilli par un gigantesque éclat de rire et amicalement enjoint de se soigner dans les plus brefs délais. Car, nous le savons, on peut fonder une entreprise, une association, un culte, une SCI, une SARL, une maison d’éditions, une secte, parfois tout cela ensemble : on ne peut pas «fonder» un mouvement. Il existe bien sûr des livres fondateurs : le Capital, par exemple ; il existe des actes, ou des événements fondateurs : la nuit du 4 août, la prise de la Bastille, ou du palais d’Hiver ; ils ne font nullement de Marx le «fondateur» du mouvement ouvrier, de Saint-Just ou Robespierre les «fondateurs» de la révolution française, ou de Lénine le «fondateur» de la révolution d’Octobre – et Antoinette Fouque, même si certains de ses admirateurs le pensent, n’est pas Marx, ou Saint-Just, ou Lénine.

De tous les mouvements sociaux du siècle, seul le «MLF», à en croire Antoinette Fouque, aurait été «fondé» ? A une date précise ? Dans un lieu précis ? Par une personne précise ? Ou deux ? Ou trois ? Ou quinze ? Et cette personne, ou ces deux, ou trois, ou quinze personnes auraient dissimulé la chose durant des décennies ? Elle aurait, elles auraient, durant les «années mouvement», travaillé ensemble, milité, écrit des textes, publié des journaux, manifesté dans les rues, vécu des conflits – ou des histoires d’amour – sans jamais avoir révélé à quiconque leur secret ? Sait-on qu’Antoinette Fouque elle-même s’en est décrétée «fondatrice» seulement… au début des années 1990 ?

Fondation occulte donc et, aussi, divinatoire : elle serait survenue, toujours dans la légende dorée que l’on nous propose, avec… deux ans d’avance. Peut-on imaginer Dany Cohn-Bendit convoquant presse, radios et télévisions pour commémorer le 40e anniversaire de mai 1968… en 1966 ? Célébrant la «fondation de mai 1968» par lui et deux ou trois amis dans une maison au bord de la Méditerranée, en septembre 1965 ? Ou par quinze autres amis dans un appartement parisien un jour de février 1966, comme par hasard jour de son anniversaire ? Ce sont là pourtant deux des versions récentes – et ahurissantes – données par Antoinette Fouque de la «fondation» du MLF.

Soyons clairs. Antoinette Fouque a fait, incontestablement, partie du mouvement de libération des femmes. Elle y a dirigé la tendance «psychanalyse et politique», qui séduisit nombre de jeunes femmes, et d’hommes – et en horripila nombre d’autres – ce sont là contradictions classiques, dans tout mouvement. Elle a fondé la librairie Des femmes, et les éditions éponymes, dont le catalogue est remarquable. Elle a été élue députée européenne (sur la liste de Bernard Tapie), et semble disposer de moyens financiers considérables. D’autres s’en contenteraient. Les raisons pour lesquelles il lui a fallu confisquer, autrefois, le mouvement de libération des femmes à son seul profit (1) en déposant à la stupeur générale une marque commerciale : «MLF». Les raisons pour lesquelles il lui faut, aujourd’hui, en confisquer et en falsifier l’histoire restent, à nos yeux, mystérieuses. Ce qui ne l’est pas ce sont ses effets. A propos du dépôt de la marque commerciale «MLF», Simone de Beauvoir disait : «réduire au silence des milliers de femmes en prétendant parler à leur place, c’est exercer une révoltante tyrannie».

(1) Cf. Chroniques d’une imposture : du mouvement de libération des femmes à une marque commerciale, Nadja Ringart, éditions Mouvement pour les luttes féministes, 1981, Paris.

Des femmes du Mouvement de libération des femmes (non déposé, ni «co-fondé»).

source http://www.liberation.fr/societe/2008/10/07/l-heritage-feministe-detourne_112803

Pour en savoir plus

Pour ceux qui veulent rendre hommage aux morts sans réécrire l’histoire du féminisme, à ceux qui veulent comprendre la polémique qui opposait Antoinette Fouque aux féministes historiques du MLF, voici le numéro 46 de la revue ProChoix  

http://www.prochoix.org/pdf/Prochoix.46.interieur.pdf

Sommaire :

MLF : Le Mythe des origines

2008 : l’inquiétante familiarité   (Collectif)

MLF : 1970, année zéro   (Françoise Picq)

Le féminisme pour les nuls     (Caroline Fourest)

“Antoinette Fouque a un petit côté sectaire”   (Michelle Perrot)

Cette boutique n’a rien d’obscur   (Anne)

L’héritage féministe détourné     (Des femmes du MLF non déposé ni co-fondé)

Généalogie

La règle du jeu    (Cathy)

La naissance d’une secte  (Nadja Ringart)

Fragments d’un discours amoureux

1979 : l’Odysée de la marque  (Cassandre)

Les nouveaux compagnons de route   (Marie-Jo Dhavernas)

Un messianisme génésique  ?  (Liliane Kandel)

La géni(t)alité des femmes

8 mars : visite au mausolée du MLF (Annette Lévy-Willard)

Monique Wittig raconte…